BIO : des financements incohérents avec les Objectifs de développement durable

BIO est l’acronyme qui désigne la Société belge d’investissement pour les pays en développement. Créée au début de ce siècle par le gouvernement belge pour soutenir le développement du secteur privé dans les pays partenaires de la coopération belge au développement, elle n’est pas très connue du grand public. BIO investit dans des pays à revenu faible ou intermédiaire, principalement via des fonds de placement et d’investisseurs dans des entreprises, mais aussi directement dans des projets du secteur privé.
Détenue par l’Etat belge, elle a défrayé plusieurs fois la chronique. Ainsi, en 2012, le journal Le Soir révélait que certains de ses investissements prenaient le chemin de paradis fiscaux. Plus récemment, l’affaire Feronia-PHC, une plantation industrielle d’huile de palme en RDC, établie sur des terres héritées de la période coloniale, a remis la société belge sous les feux des projecteurs. Le CNCD-11.11.11 rapporte depuis des années les cas de violations de droits humains commis à l’égard des communautés locales et des travailleurs de Feronia.
Une nouvelle étude vient de paraître. Commandée par le CNCD-11.11.11, la coupole flamande 11.11.11 et la Coalition contre la faim 10 ans après une première étude de la coupole flamande 11.11.11 sur BIO (Doing Business with Poverty, 2011), elle vise à faire le point sur les réformes entreprises au sein de cette institution financière et d’évaluer son impact dans les domaines du climat et de l’agriculture.
BIO investit toujours dans des projets qui ne sont pas compatibles avec les objectifs de la Coopération belge au développement
Feronia n’est pas le seul cas qui interroge. Cette nouvelle étude montre que BIO investit toujours dans des projets qui ne sont pas compatibles avec les objectifs de la Coopération belge au développement. Pire, certains financements génèrent un impact négatif. Comment est-ce possible ?
Premièrement, dans la pratique, cette agence belge de développement a tendance à prioriser les indicateurs économiques au dépens de l’impact positif sur le développement. Deuxièmement, sa vision en matière de lutte contre le réchauffement climatique et de lutte contre la faim n’est pas adéquate, ce qui l’amène à financer des projets qui vont à l’encontre de la transition juste et durable et de la souveraineté alimentaire. Enfin, de sérieuses lacunes en matière de devoir de diligence expliquent le financement de projets qui ne respectent pas toujours les droits humains.
Rappelons que l’État belge est actionnaire à 100% de BIO. Cette agence est donc financée par des fonds publics et de ce fait, responsable devant l’Etat belge et ses contribuables. Il est essentiel que les citoyens et le parlement comprennent où va leur argent, et que l’argent public ne contribue pas à des violations des droits humains et n’exacerbe pas la crise climatique. L’étude, son résumé et les policy briefs ci-dessous visent à (ré-)ouvrir un débat sur BIO à quelques mois du renouvellement de son contrat de gestion.
- The Belgian Investment Company for Developing Countries (BIO) as a Sustainable Development Actor
Independent study commissioned by 11.11.11, CNCD-11.11.11 and la Coalition Contre la Faim/ Coalitie Tegen de Honger.
- La Société belge d’investissement pour les pays en développement
Leçons tirées de l’étude externe 2021 « La Société belge d’investissement pour les pays en développement (BIO) en tant qu’acteur du développement durable ».
- Les investissements de BIO dans l’agroalimentaire
Policy briefing réalisé sur basé sur l’étude « The Belgian Company for Investment in Developing Countries (BIO) as a Sustainable Development Actor, 2021 », Dr. Tomaso Ferrando, Dr. Giedre Jokubauskaite, Dr. David Rossati.
- BIO en tant qu’acteur du financement international climat
Évaluation des investissements réalisés par BIO en matière de climat et d’énergie.